Biographie du Chahid Ferrat Ramdane
FERRAT
Ramdane, grand Chahid de la révolution, né le 07 mai 1923, est tombé au champ
d'honneur le 1er octobre 1957.
Très
Jeune, FERRAT Ramdane exerça plusieurs activités commerciales dans le but de
subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. La plus importante de ses activités
étant ses grandes dispositions à soigner la gale, maladie touchant, à l'époque,
beaucoup de troupeaux ovins.
Il exerça cette activité notamment dans la région d'AOKAS , de
KHERRATA, d'AOUZELLAGUENE et autres régions de BEJAIA.
Au
village, il exerça l'activité de forgeron. Il s'était également spécialisé
dans la fabrication de cartouches de fusils et de la poudre d'explosifs. Plus
tard, il utilisa sa propre technique pour la fabrication de bombes artisanales
durant la guerre de libération nationale.
En
dehors de ses activités commerciales, il passait la majorité de son temps
libre à chasser. Chasseur studieux, il ne tarda pas à devenir un véritable
tireur d'élite. Ses compagnons de l'époque nous avaient raconté qu'il avait réussi
à tirer treize balles dans un même trou. A cette époque, il refusa de répondre
favorablement à l'offre de l'administration coloniale, de servir comme agent
des autorités, en qualité de gendarme.
Il
participa activement aux événements de mai 1945, puis adhéra à l’Union Démocratique
du Manifeste Algérien (UDMA) de Ferhat ABBES. Il raconta plus tard à un
moudjahid du village d'AIT-SALAH, qu'il avait failli être tué durant ces événements
de mai 1945. Poursuivi, il s'était caché sous un rocher, dans une rivière.
Remarqué
pour ses activités nationalistes, on lui avait confié la tâche d'exécuter un
agent de l'autorité coloniale à AOKAS (BEJAIA). Cette mission terminée, il
enfourcha le cheval de l'agent pour revenir au village. Les autorités françaises
alertées, ne tardèrent pas à savoir que le responsable de l'exécution de
leur collègue, est une personne qui guérit les maladies ovines, habitant le
village d'AIT-SALAH dans la région d'AIT-IDJER. Arrivés au village et n'ayant
pu trouver la personne recherchée, les Français emportèrent avec eux son frère
Arezki jusqu'à AOKAS. Ce dernier a été épargné grâce à l'intervention
d'un certain Smail IAZOUGUENE, vieille connaissance de la famille, secrétaire
au commissariat d'AOKAS pendant près
de vingt-cinq ans.
A
partir de ce moment, FERRAT Ramdane rentra dans la clandestinité. Recherché
par les Français, il a été arrêté début octobre 1954 au souk d'AIT-
IKHLEF, en compagnie de deux autres
villageois ACHIR Lounis et FERRAT Mokrane. Trois autres personnes de
villages voisins étaient également arrêtées. Il s'agit de BELLABAS
Bachir, BELLABAS Mohand et BABOU
Achour. Tous ont été emprisonnés puis relâchés quelques jours plus
tard.
Après
le déclenchement de la révolution, le ler novembre 1954, les moudjahidine de
la région d'AOUZELLAGUENE le contactèrent dans le but de sensibiliser les gens
au djihad à travers I'ensemble de la région d'AlT-IDJER. C'est alors qu'au début
de l'été 1955, il avait reçu, secrètement à la maison, une délégation de
moudjahidine d'AOUZELLAGUENE. Ils restèrent plusieurs jours. Des réunions secrètes
avaient eu lieu et avaient pour but de préparer une mission de sensibilisation
à travers l'ensemble des villages d'AlT-IDJER. Ils commencèrent à réunir le
village d'AIT-SALAH, village natal de FERRAT Ramdane. L’assemblée générale
du village, présidée par ce dernier, avait eu lieu à SIDI-AMAR, à l'Est du
village. Un discours anticolonialiste appelant à la révolte, à été prononcé
devant une foule nombreuse. Ils continuèrent ensuite à faire de même, à
travers l'ensemble des villages d'AIT-IDJER. La délégation ayant terminé sa
mission, on confia la tâche d'organiser la lutte à FERRAT Ramdane, et cela
dans l'ensemble de la région d'AIT-IDJER.
Aujourd'hui,l'ensemble
des moudjahidine d'AIT-IDJER et d'AOUZELLAGUENE s'accordent à dire que le
chahid FERRAT Ramdane était le premier militant à prendre les armes dans la région
d’AIT-IDJER. I1 ne tarda pas à être épaulé par d'autre valeureux chahid,
notamment les grands Chouhada HAMADI Md Said du village lBOUYISFENE et RACHEDI
Amar du village Ait Ferrache. Au début,
ils formèrent un groupe de collaborateurs et s’attachèrent à organiser la
lutte dans l'ensemble de la région, Pour ce faire, FERRAT Ramdane envoya des émissaires
à l'ensemble des personnalités de la région d'AIT-IDJER pour rejoindre les
rangs de l'ALN. C'est ainsi qu'il envoya ACHERAR Md Ouidir du village AIT-SALAH
pour contacter AKLI Md Oulhadj. Ce dernier rejoignit avec armes et bagages et sans hésitations
le maquis. I1 deviendra plus tard colonel et chef incontestée de la wilaya III.
Pour
ses liaisons avec les autres moudjahidine de la région, FERRAT Ramdane faisait
notamment confiance à son frère, le chahid FERRAT Salah. Ce dernier très
actif devint un de ses proches collaborateurs, avec entre autres,
RACHEDI Amar, dit Amar Ath Lhadj, HAMMADI Md Said, ACHIR Mokrane et ACHERIR Arab.
I1
était devenu le véritable lien entre les moudjahidine de l'ALN et les
moussebline de I'OCFLN. Tous l'estimèrent et eurent confiance en lui. Son
groupe se renforça de jour en
jour. Beaucoup d'hommes du village rejoignirent peu de temps après
les rangs de 1'ALN. I1 ne
tarda pas à organiser la première embuscade contre les militaires français.
Cette embuscade avait eu lieu à TIVOUCHICHINE, au Nord du village d'AIT-SALAH.
Cet accrochage a été le premier du genre dans la région d'AIT-IDJER. Cela se
passait vers le mois de mars 1956. FERRAT Ramdane a été secondé dans cette
mission par un autre chahid du village, ACHERIR Salah. Ils réussirent à
abattre deux militaires français et à blesser plusieurs autres. Coté
moudjahidine, on avait relevé la mort de deux valeureux combattants, le nommé
Si Mohand Akli de Cheurfa (Azazga) et un certain Si Allal arabophone.
FERRAT
Ramdane mena ensuite plusieurs autres accrochages. On cite entre autres,
sa participation à l'accrochage de Belaziz, entre Habchi et Ighil
Tizi-Boa. Un accrochage qui avait duré plusieurs heures et qui avait vu le décès
au champ d'honneur de Mehenni Ath Athmane du village d'lBOUYISFENE. Une autre
embuscade avait eu lieu aux environs d'lghil Tizi-Boa. Les militants français
avaient perdu au moins deux des leurs.
FERRAT
Ramdane organisa également des attaques contre les camps militaires de
BOUZEGUENE et du village de HOURA. Ses compagnons de guerre racontèrent également
qu'il fabriquait de ses propres mains des bombes artisanales qu'il faisait
exploser lors de passages de patrouilles de militaires français. Dans l'un de
ses attentats, un moudjahid du village d'AHRIK,
SEID Ath Seid a été tué par l'explosion, entre ses mains, d'une de ces
bombes artisanales.
Très
recherché, FERRAT Ramdane mena la plupart de ses combats loin de son village
natal. I1 tomba au champ d'honneur, les armes à la main, le ler Octobre 1957
aux environs du village de TAZROUT (BOUZEGUENE), probablement trahi par les
siens.
L'annonce de sa mort a été suivie d'un véritable deuil à travers
l'ensemble des villages d 'AIT-IDJER.
Les
Français s'attaquèrent ensuite à sa famille. Il incendièrent les maisons, et
tuèrent les bêtes domestiques. Un massacre de près de Soixante dix mulets
avait eu lieu au Nord du village AIT-SALAH, à TIVOUCHICHINE, lieu du premier
accrochage entre les militaires français et les moudjahidine de l'ALN. Ils brûlèrent
la même année de sa mort, la maison de son proche collaborateur FERRAT Salah,
qui a pu s’échapper miraculeusement. Ils tuèrent le même jour son frère
Amara et quelques temps après son autre frère Hocine.
Après
l'indépendance, les restes du Chahid FERRAT Ramdane furent transférés du
village de TAZROUT vers son village natal d'AIT-SALAH.